NOX, 4 questions à Yves Grevet

Interview

#1 Qu'est-ce que la nox ? Comment vous est venue l'idée de ce roman ?

La nox, c'est l'obscurité (la nuit en latin). Un épais nuage composé de gaz et de poussières stagne près de la surface terrestre. Les rayons du soleil ne peuvent le traverser. Les hommes qui vivent dans la nox sont obligés de produire leur lumière à la seule force de leurs muscles. Par exemple, ils sont équipés de chenillettes sous leurs pieds, dont le frottement sur le sol produit de l'électricité. Ils sont aussi forcés de pédaler pour faire fonctionner une perceuse, une machine à coudre ou éclairer le tableau à l'école.

La nox induit d'autres conséquences. Le manque de lumière affaiblit les organismes, la nourriture est pauvre et peu variée. La durée de vie des gens est écourtée. Peu d'enfants survivent les premières années, surtout parmi ceux qui pleurent trop car ils contaminent leurs poumons fragiles en absorbant l'air vicié. Les gens respirent doucement, parlent peu, évitent de crier et de s'énerver. Ils apparaissent comme une foule servile et résignée. Les jeunes sont aussi encouragés à s'unir pour se reproduire très tôt. À peine sortis de l'enfance, ils se retrouvent donc chargés de famille et obligés de travailler. L'idée de la nox m'est venue après l'écriture du tome 2 de Méto où mon héros faisait l'expérience d'une vie en aveugle à son arrivée chez les oreilles coupées. Prendre le parti d'un monde sans lumière naturelle s'est avéré très riche quant aux conséquences sur la vie quotidienne mais aussi sur l'organisation de la société, sa morale et ses valeurs. Le choix de ce contexte m'a entraîné vers un univers littéraire que j'affectionne en tant que lecteur, celui des romans victoriens. On peut trouver dans Nox des références au smog londonien, aux bas-fonds sordides, à une classe dominante méprisante à l'égard de ses pauvres, aux combats de rats.

#2 Diriez-vous que Nox est un roman d'aventure ?

Oui, c'est un roman d'aventure où les héros sont sans cesse confrontés au danger, danger qui ne vient pas toujours de l'extérieur mais parfois de leur propre famille. Des événements inattendus vont les contraindre à prendre de vrais risques pour eux et pour les autres et vont les projeter brutalement dans des péripéties qu'aucun n'a vraiment cherchées.

#3 Il y a trois voix narratives dans ce roman, pourquoi avez-vous fait ce choix ?

Je ne peux écrire qu'à la première personne. C'est comme ça depuis toujours. Aussi il m'arrive de me sentir frustré de ne pouvoir exprimer que les sentiments du personnage principal. En écrivant Nox, je voulais donner la parole à plusieurs de mes héros pour qu'on puisse juger de leur comportement d'une façon plus sensible et plus honnête. Certaines scènes importantes sont racontées par plusieurs personnages et on comprend ainsi mieux le point de vue et le ressenti de chacun.

#4 Beaucoup de lecteurs vous suivent depuis votre trilogie Méto.

Quels sont les points communs et les différences entre Nox et Méto ? Il y a beaucoup de points communs. Ce sont tous les deux des romans d'initiation. Les héros vont passer d'un statut proche de l'enfance à celui d'adulte responsable après avoir subi des épreuves qui les révéleront à eux-mêmes et aux autres. Les deux temporalités sont très proches. L'action se focalise sur quelques mois cruciaux de leur adolescence avec peu de sauts dans le temps. Les trois tomes de Méto se déroulaient sur un an environ. Les deux tomes de Nox sur moins de deux ans. Les personnages ne sont pas non plus prédestinés à être héroïques, ils sont prudents, voire timorés au départ. Ce sont les événements qui vont les transformer. Au fil de l'histoire, ils sentent grandir en eux le sentiment que ce qu'ils font est nécessaire et inévitable quelles qu'en soient les conséquences. Ce qui change avec Nox par rapport à Méto, c'est la multiplicité des narrateurs qui me permet d'être au plus près de la psychologie de mes personnages. L'alternance des narrateurs produit aussi un effet d'attente entre les différents récits, même si ceux-ci se croisent parfois. À mon sens, Nox est aussi plus proche de l'univers du feuilleton.

Qu’est-ce que la nox ? Comment vous est venue l’idée de ce roman ? La nox, c’est l’obscurité (la nuit en latin). Un épais nuage composé de gaz et de poussières stagne près de la surface terrestre. Les rayons du soleil ne peuvent le traverser. Les hommes qui vivent dans la nox sont obligés de produire leur lumière à la seule force de leurs muscles. Par exemple, ils sont équipés de chenillettes sous leurs pieds, dont le frottement sur le sol produit de l’électricité. Ils sont aussi forcés de pédaler pour faire fonctionner une perceuse, une machine à coudre ou éclairer le tableau à l’école. La nox induit d’autres conséquences. Le manque de lumière affaiblit les organismes, la nourriture est pauvre et peu variée. La durée de vie des gens est écourtée. Peu d’enfants survivent les premières années, surtout parmi ceux qui pleurent trop car ils contaminent leurs poumons fragiles en absorbant l’air vicié. Les gens respirent doucement, parlent peu, évitent de crier et de s’énerver. Ils apparaissent comme une foule servile et résignée. Les jeunes sont aussi encouragés à s’unir pour se reproduire très tôt. À peine sortis de l’enfance, ils se retrouvent donc chargés de famille et obligés de travailler. L’idée de la nox m’est venue après l’écriture du tome 2 de Méto où mon héros faisait l’expérience d’une vie en aveugle à son arrivée chez les oreilles coupées. Prendre le parti d’un monde sans lumière naturelle s’est avéré très riche quant aux conséquences sur la vie quotidienne mais aussi sur l’organisation de la société, sa morale et ses valeurs. Le choix de ce contexte m’a entraîné vers un univers littéraire que j’affectionne en tant que lecteur, celui des romans victoriens. On peut trouver dans Nox des références au smog londonien, aux bas-fonds sordides, à une classe dominante méprisante à l’égard de ses pauvres, aux combats de rats.