
Comprendre, aimer, défendre le conte ! # épisode 10
Que trouve-t-on dans une bibliothèque ? Des livres, bien sûr. Et qu’y a-t-il dans les livres ? Des histoires, souvent. Et d’où viennent les histoires ? De l’imagination des auteurs. Et pour les premières racontées, du fond de la mémoire des hommes. Ce sont les légendes, les mythes, et aussi les devinettes, les énigmes. Et bien sûr les contes : merveilleux, facétieux, de sagesse ou d’origine, ils ont été pendant des siècles transmis par voie orale. L’écrit prenant peu à peu le dessus sur l’oral, des hommes et des femmes ont pris le soin de collecter et d’écrire ces contes pour qu’ils ne disparaissent pas, pour qu’on continue de les dire. Parce que les enfants, les adolescents, et les adultes d’aujourd’hui, quand on leur raconte une histoire, sont aussi fascinés que ceux d’« avant la télé ».
Il est donc important que des recueils et des anthologies de contes soient sur les rayons de nos bibliothèques dans des versions d’origine. Dans les contes traditionnels, il est rare qu’il y ait du superflu : la tradition orale va droit au but et, si certaines adaptations rendent les textes plus accessibles (aux plus jeunes et aux plus grands, les versions orales étant parfois difficiles d’accès pour nous qui sommes habitués à une langue plus littéraire), de nombreuses autres ne présentent que des versions tronquées, édulcorées, appauvries et qui en deviennent parfois incompréhensibles. Posséder dans nos bibliothèques des textes de référence, aussi bien dans les sections adulte que dans les sections jeunesse, cela permettra aux bibliothécaires de pouvoir évaluer la qualité d’une adaptation (comment le faire sans accès au texte d’origine ?) et d’avoir à leur disposition un choix de textes à raconter.
Parfaits pour des lectures à haute voix
Si raconter est perçu comme difficile, nécessitant trop de travail et n’étant pas du ressort de tout le monde, n’oublions pas que les contes sont souvent des textes parfaits pour des lectures à haute voix. Cela demande un travail de préparation pour le choix des textes en fonction de son public, du temps dont on dispose, et aussi un entraînement à la lecture à haute voix, mais nous n’avons plus l’excuse de la difficulté de mémoriser. Les livres sont là, attendant juste d’être ouverts, regardés, avec soin, tant pour le texte que pour les illustrations. Il est donc tout aussi important, dans les sections jeunesse, d’avoir un choix d’albums de contes en bonne place, pour les partager avec les jeunes (et grands) lecteurs. Repérer, identifier, acquérir, conserver des albums dont les illustrations permettent un accès différent à l’histoire, jouer avec les différentes versions d’un même conte ou avec les différentes illustrations d’un texte identique, et on s’émerveillera devant la facilité qu’ont les enfants à faire des liens, à demander à revoir telle image, ou à réentendre une histoire. Se laisser surprendre par leur choix d’album préféré. Les illustrations qu’ils aiment ne sont pas toujours celles que l’on imagine ! Se souvenir que les contes ne sont pas faits que pour les moins de 5 ans. Proposer aux lecteurs plus âgés (10 ans et beaucoup, beaucoup plus !) des contes merveilleux et constater qu’ils sont capables d’être captivés, silencieux et dans une écoute parfaite sur des temps relativement longs.
Une source inépuisable de plaisir
Ces textes font partie de notre histoire, de notre patrimoine commun et, bizarrement, on en connaît souvent des déclinaisons, des variations, des détournements, des parodies mais rarement l’original ou les originaux. La découverte de différentes versions d’un même conte est source de grands plaisirs, pour nous et pour nos lecteurs, le plaisir du « presque pareil, et pourtant autre ». N’oublions pas de mettre à l’honneur sur les rayons de nos bibliothèques les livres de contes, anthologies de références et albums pour petits et grands. Racontons-les (ou invitons des conteurs à le faire !), lisons-les, faisons-les vivre.