
Claudine Aubrun parle de OZ
L'autrice répond à 7 questions autour de Matou Watson, son roman à paraître dans la collection OZ le 25 juin 2020.
• Pourquoi as-tu eu envie d’écrire pour les lectrices et lecteurs de 8-12 ans ?
Quand j’écris une histoire, je ne pense pas au lecteur en termes d’âge mais plutôt en termes de préoccupations, d’intérêts. Qu’aime-t-il dans la vie ? Quelle musique écoute-t-il ? Quels sont les jeux, les personnages qu’il apprécie ?... Pour moi, le lecteur n’a pas d’âge. Je ne sais, ni s’il est garçon ou fille, ni où il habite et comment il vit. Mais je pense beaucoup à lui quand j’écris. Je sais que mon lecteur est intelligent, malin, et même qu’il va percevoir des choses que parfois je ne mesure pas. Tout au long de l’écriture, je me demande si ce que je lui propose captera son attention. Va-t-il avoir peur ? Va-t-il rigoler ? Le mot que j’ai choisi est-il juste ? L’image est-elle assez forte ? Le style est-il assez limpide sans être creux ? La situation est-elle en rapport avec ses préoccupations? Souvent, les adultes me disent qu’ils ne se sont pas ennuyés en lisant mes livres. J’ai envie de croire que c’est parce que le lecteur que j’essaie de capter n’a pas d’âge (peut-être aussi sont-ils seulement polis).
• Que t’inspire le nom de la collection OZ ?
Oz ? Le magicien bien sûr, mais j’entends surtout « oser », ce qui m’a grandement encouragée à forcer le trait, à traiter mes personnages d’une façon plus musclée.
• Comment est né le personnage de Matou Watson ?
Je ne suis pas fan des univers où tout est magie. Par contre, je suis adepte des histoires ancrées dans un quotidien ordinaire et qui vrillent à cause d’un élément en apparence anodin. Ici, il s’agit de l’arrivée d’un chat dans une famille. Quoi de plus banal ? Un chien peut-être, mais j’avais déjà utilisé un personnage de chien dans d’autres histoires.
• Quelles sont les forces et les faiblesses de Matou Watson ?
Matou Watson n’est pas un gentil matou à câliner. Il parle et, en plus, il répond. Il sait tout, a un avis sur tout, il est vénal, baratineur, et s’avère être une véritable terreur pour les souris qu’il mange comme des M&M’S. Bien sûr, il a des faiblesses, ce qui le rend humain. Face à l’adversité, Matou Watson est lâche, peureux, faible parfois.
• Comment fais-tu pour créer des situations comiques ?
D’abord, je mets en scène des personnages opposés (ici, un garçon rêveur et timide associé à un chat arrogant et sûr de lui), ce qui créera d’emblée des situations absurdes ou cocasses. Je travaille beaucoup les personnages, leurs expressions, leur façon d’être. Il faut que le lecteur puisse « voir » les protagonistes, qu’il les identifie rapidement et se reconnaisse en eux. Je réfléchis beaucoup à ce qu’est leur moteur dans la vie. J’alterne aussi des passages émouvants ou tendus avec des situations potaches. La distance entre les deux amplifie l’effet comique.
• L’humour rend-il les lecteurs plus forts ?
Je crois à la subversion du rire, cela aide à supporter un monde parfois cruel. Je ne sais pas si l’humour rend plus fort, mais je pense qu’il met le malheur à distance.
• Que dirais-tu à un enfant pour lui donner envie de lire ton roman OZ ?
Si dans la vie tu es un garçon ou une fille qu’on ne calcule pas,
Si ton amoureux ou ton amoureuse t’ignore et te préfère un (ou une) boloss de la classe,
Si ta mamy Nicole est injuste envers toi,
Si tu as envie de ne plus passer pour un (ou une) minus,
Si tu souhaites écrire une magnifique poésie pour ton amoureuse ou ton amoureux sans trop te fatiguer,
Si tu veux connaître la recette du gâteau quatre-quarts,
Si tu as envie de découvrir les astuces d’un super coach qui t’aidera à avoir confiance en toi,
Si les livres qui disent qu’il faut manger cinq fruits et légumes par jour t’ennuient,
Si ton chat parle et répond, s’il est prétentieux et pense avoir toujours raison, s’il veut se faire payer pour ses services,
Si tu as envie d’être plus fort que Matou Watson,
Et surtout, si tu as envie de te marrer,
Alors La brosse à dents du futur, la première aventure de Matou Watson, est un livre pour toi.
L'autrice
Pendant qu’elle était étudiante aux Beaux-Arts, Claudine Aubrun lisait et écrivait. Depuis qu’elle écrit des histoires, elle dessine des croquis qu’elle publie dans un blog pour raconter son actualité d’écrivain. Elle est l’autrice de plusieurs romans policiers chez Syros (notamment la série Les enquêtes de Nino pour les plus jeunes), mais aussi de romans graphiques (la série Monsieur Stan). Quand elle n’anime pas des ateliers d’écriture ou qu’elle ne va pas à la rencontre de ses lecteurs, elle pense à ce qu’elle va écrire. Ou dessiner.