5 questions autour de Renaissances
Les auteur.rices nous parlent de leur dernier roman Renaissances : 6 histoires qui réinventent le monde.
1 • Qu'est-ce qui vous a donné envie de participer à cette anthologie ?
Nathalie Stragier : A l’adolescence, j’étais une grande lectrice de science-fiction. Aujourd’hui, j’aime toujours essayer d’imaginer l’avenir. On peut d’ailleurs envisager ce que l’on veut, puisqu’on a la garantie presque absolue de tomber à côté ! Le futur est inimaginable. L’an 2000 n’était pas tel qu’on le pensait en 1980. 2040 sera plein de surprises, forcément. Peut-être même 2030 ? L’année 2020 a déjà été très inattendue…
2 • Si vous deviez présenter votre nouvelle en quelques mots à un.e jeune lecteur.rice adolescent.e, que diriez-vous ?
Nadia Coste : Solange de Paris, c’est une histoire qui parle de nous, maintenant, et du fait qu’il n’est pas trop tard pour changer nos habitudes alimentaires et sauver le monde ! On va suivre Violette qui se retrouve confinée comme nous l’avons été au printemps dernier. Elle va découvrir tout un aspect de sa ville dont elle ignorait l’existence et cela va être le déclic qui lui manquait pour ouvrir les yeux et participer à l’évolution positive du monde.
3 • Vous aviez une double contrainte : un thème imposé, et la lueur d'espoir, qui doit apparaître dans le texte. Comment vous est venue l'idée de la nouvelle, en prenant ces paramètre en compte ?
Yves Grevet : Les contraintes sont plutôt une aide pour élaborer une fiction. Je m’intéresse depuis longtemps à des scénarios post effondrement. La trilogie Méto se situe juste après un très long conflit mondial et U4 juste après une pandémie dévastatrice. Pour cette nouvelle, j’avais des envies de grand large et l’idée d’un huis clos dans une éolienne en mer m’a paru intéressant pour un récit court.
4 • Quelles sont les difficultés à réinventer positivement le monde dans une fiction
Christophe Lambert : Pour être honnête, cet aspect-là du cahier des charges m'inquiétait vraiment. Si je suis dans l'utopie pure et dure, ou encore si l'expédition menée par mes héros est moins dangereuse que, disons, un pèlerinage à Compostelle, ce n'est pas très sexy en terme d'intensité dramatique. C'est pour cette raison que j'ai évoqué des bandes de pillards en maraude ou fait intervenir des animaux sauvages échappés d'un zoo. Le décor ne ressemble pas à celui de Mad Max (le monde n'est pas à feu et à sang) mais ce n'est pas non plus le paradis sur Terre... Le curseur n'était pas évident à positionner.
5 • Que signifie pour vous le fait que cette anthologie soit une coédition entre Syros et La Cité des sciences et de l'industrie ?
Florence Hinckel : Cette coédition donne tout son sens au genre de la science-fiction : elle met en lien sciences et littérature. Je trouve que c'est très pertinent de souligner ce lien, par les temps qui courent. On a souvent entendu pendant le confinement qu’on avait l’impression de vivre dans un scénario de science-fiction. On dit aussi depuis longtemps qu’on a l’impression de vivre dans un monde orwellien. N’est-ce pas parce que des auteurs et autrices de récits d’anticipation ont fait preuve d’une certaine prescience ? Je n’ai pas cette prétention (même si U4 a été en partie prémonitoire, hélas !), néanmoins je crois que nos récits, en plongeant des individus dans un futur bouleversé par un risque d’effondrement annoncé par bien des scientifiques, et en partant du monde actuel que nous prenons le temps de scruter en tant qu’écrivain·es, peuvent apporter une chair et un réalisme que n’auront jamais les données et les statistiques. Cela frappera peut-être les esprits davantage, ou autrement.
Jérôme Leroy : Que la littérature jeunesse est plus que jamais un mode d’exploration privilégié des grandes questions contemporaines et des futurs possibles : c’est en effet nos jeunes lecteurs qui auront à les vivre en tant qu’adultes.
Les auteur.rices